Pouvez-vous nous dire pourquoi il est important pour les peuples autochtones de disposer d’une autodétermination en matière de gouvernance de leurs territoires, en relation avec la conservation ?

Parce que c’est nous qui nous occupons des forêts, et je pense que nous faisons des progrès. Nous pensons que nous faisons des progrès. Le fait que les peuples autochtones fassent partie de l’UICN est un progrès, et le Congrès de Marseille sera un point important pour dire que l’UICN va de l’avant, car nous participerons en tant qu’acteurs qui gouvernent les forêts.

 

Pour la première fois dans un congrès CAPLAC, un espace a été créé pour que l’UICN puisse dialoguer avec les Organisations des peuples autochtones. À votre avis, quelles sont les principales priorités des peuples autochtones lors du CAPLAC ?

Pour ce troisième congrès CAPLAC, au Pérou, il a été estimé que, depuis 2016, l’adhésion a été approuvée, et que des progrès ont été faits, mais il reste également des défis. Disons, en conclusion, qu’il doit y avoir beaucoup plus de communication, il doit y avoir un renforcement des Organisations des peuples autochtones. Mais il a également été estimé que la coopération doit contribuer à ce processus, et que la participation des Organisations des peuples autochtones au sein de l’UICN doit également être beaucoup plus visible. Je pense que ce sont des points importants. Il a également été convenu de créer un groupe de travail chargé de la planification, y compris des dates, des activités et des objectifs, une feuille de route. Je pense qu’il est également important que l’UICN dispose de personnes soutenant ce travail de processus des Organisations des peuples autochtones, et que, lors de ce congrès CAPLAC, un point ait été fait avec les Organisations des peuples autochtones présentes et un bon travail de planification a été fait. L’équipe qui a été confirmée nous présentera bientôt un plan, une feuille de route, et ceci est important pour les Organisations des peuples autochtones, Membres de l’UICN.

 

Lors du prochain Congrès, à Marseille, pour la première fois dans l’histoire de l’UICN, les Organisations des peuples autochtones membres pourront voter. Quelle contribution souhaitez-vous des Organisations des peuples autochtones aux résolutions du Congrès 2020 de l’UICN?

Oui, lors du Congrès de Marseille, les peuples autochtones des Organisations des peuples autochtones disposeront d’une voix et d’un vote, et ceci est important. La contribution que nous aimerions apporter, par exemple, est de comprendre la question de la conservation en relation avec les droits humains, en l’occurrence avec les peuples autochtones, mais aussi avec les communautés qui conservent les forêts. Cela sera important, parce que nous allons contribuer à un sujet qui n’a jamais pris en compte le vote ou la participation des peuples autochtones à un tel degré. Je pense que ce sera une construction très positive et que la contribution des peuples autochtones apportera un peu de compréhension entre conservation et droits des peuples autochtones présents dans la forêt.

 

À partir de 2020, des événements stratégiques auront lieu, en termes de politiques. Il s’agit notamment du Congrès de l’UICN et des discussions de la Conférence des Parties (CDP) à la Convention sur la diversité biologique (CDB). Que souhaitez-vous apporter à ces discussions en tant que leader d’une Organisations des peuples autochtones, sur le thème de la nature et de la conservation ?

Le thème de la reconnaissance des territoires des aires naturelles protégées. De nombreuses aires naturelles protégées ne reconnaissent pas les territoires, bien qu’il s’agisse de territoires appartenant à des peuples autochtones. Il serait important que les aires naturelles protégées aient au moins une certaine reconnaissance du fait qu’elles sont des territoires autochtones. L’autre sujet est la question des acteurs, de nous, peuples autochtones, et de la gouvernance des aires protégées, parce qu’au niveau des territoires communaux, nous l’avons déjà, mais nous devons encore l’obtenir dans les aires naturelles protégées. Voilà donc les questions importantes dont nous devrons discuter lors du Congrès de Marseille.

 

Selon vous, quelles mesures spécifiques l’UICN devrait-elle prendre pour soutenir la participation et l’incidence des Organisations des peuples autochtones lors du Congrès et de la CDP à la CDB ? Quelles demandes faites-vous à l’UICN ?

Par exemple, la question de la facilitation d’une réunion avec les Organisations des peuples autochtones est très importante. Je crois que sur ce sujet, organiser une réunion des Organisations des peuples autochtones permettrait de développer une feuille de route, un agenda de travail. Nous pourrons ensuite demander à l’UICN de mettre en œuvre cette feuille de route à tous les niveaux. Qu’adviendrait-il du personnel technique, y compris des ressources permettant de recueillir les propres demandes des communautés autochtones dans différents pays ? Donc, je pense que c’est un défi, et nous, peuples autochtones, devons également être plus conscients de persister sur ces aspects de dialogue, de contribution, de propositions. Parce que je crois que, au quotidien, les propositions sont importantes, et pas seulement dénoncer les problèmes, mais aussi proposer des solutions. Nous sommes prêts, en tant qu’Organisations des peuples autochtones, à contribuer. Il s’agit d’un devoir partagé, parce que nous sommes membres de l’UICN et je pense que c’est aussi à nous de le faire. Le défi nous concerne tous pour pouvoir mettre en œuvre, et qu’à Marseille, nous ayons déjà beaucoup plus de résultats.

 

Quel message souhaitez-vous envoyer au monde pour expliquer pourquoi les peuples autochtones sont importants pour la conservation ?

Je pense qu’il est important que l’humanité, la société, puisse contribuer à ce travail que nous construisons. Le fait que nous, en tant que peuples autochtones, conservons la nature, aujourd’hui en tant que membres d’Organisations des peuples autochtones, je pense que nous avons le devoir moral de dire : nous voulons cette aide des gens partout dans le monde, parce que nous devons tous travailler ensemble pour que l’humanité puisse continuer à vivre vers un avenir. Ce serait mon message, et nous avons tous le devoir de conserver la nature pour l’humanité.

 


A propos de l'auteur


Julio Cusurichi Palacios

 

Julio Cusurichi Palacios est président de la Fédération autochtone de la rivière Madre de Dios et de ses affluents (FENAMAD) au Pérou, un membre de la Coordination des organisations autochtones du bassin amazonien (COICA). Julio, membre de la communauté autochtone Shipibo, a reçu le prix Goldman pour l’environnement en 2007. La FENAMAD et la COICA sont des Organisations des peuples autochtones membres de l’IUCN.

 

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