Une population très réduite de 1 000 à 2 000 marsouins, par ailleurs marins, subsiste dans le cours principal du Yangtsé et dans deux grands lacs annexes. En outre, trois populations de dauphins de l’Irrawaddy, en danger critique d’extinction, et également principalement marines, habitent trois grands systèmes fluviaux d’Asie du Sud-Est : l’Ayeyarwady (Myanmar), le Mékong (Cambodge et Laos) et le Mahakam (Indonésie). Ces trois populations comptent moins de 100 individus.

Il existe plusieurs dizaines d’espèces et sous-espèces de dauphins et de marsouins purement marines, et beaucoup de personnes se surprennent de savoir qu’il existe des cétacés d’eau douce. Les espèces d’eau douce, estuariennes et côtières de dauphins et marsouins d’Asie, d’Amérique du Sud et d’Afrique ont été au centre des travaux du Groupe de spécialistes des cétacés (GSC), au cours des quatre dernières décennies.

Actuellement, nous accordons une attention particulière aux dauphins de rivière d’Asie et d’Amérique du Sud, tous menacés non seulement par des conflits de pêche (enchevêtrement dans les filets maillants) mais aussi par des projets de gestion de l’eau. L’habitat des dauphins dans les bassins du Gange, de l’Indus et de l’Amazone, en particulier, est déjà gravement fragmenté par des barrages et des retenues d’eau, et beaucoup d’autres structures de ce type sont en projet. Plusieurs d’entre nous ont travaillé spécifiquement avec WWF-Cambodge pour empêcher la construction de barrages hydroélectriques supplémentaires sur le Mékong, qui, s’ils sont construits, détruiront toute chance de récupération des dauphins du Mékong. En outre, on craint que la modification par l’homme des chenaux fluviaux pour améliorer la navigation (par exemple en Inde, au Pérou et au Brésil) réduise considérablement la quantité des habitats propices aux dauphins.

Au cours des dernières années, plusieurs membres du GSC ont consacré beaucoup de temps et d’efforts à des mesures de dernière chance visant à prévenir l’extinction du vaquita, un petit marsouin endémique du Haut Golfe de Californie, au Mexique. En plus de diriger un vaste travail d’enquête sur place, nous avons organisé des ateliers, participé à une équipe internationale de rétablissement et à une commission présidentielle sur le vaquita, convoquée spécifiquement pour établir des mesures de protection, ainsi qu’à une mission de l’UNESCO pour évaluer l’efficacité d’un site du Patrimoine mondial dans le Haut Golfe, destiné principalement à protéger les vaquitas. Après que toutes ces approches (et d’autres) aient échoué et qu’il soit devenu évident que les dernières vaquitas couraient un risque élevé de mourir dans des filets maillants illégaux, nous avons uni nos forces avec le gouvernement mexicain et la Fondation nationale des mammifères marins des États-Unis dans une tentative finalement infructueuse de capturer des vaquitas vivantes et de les transporter dans un sanctuaire provisoire.

Un aspect essentiel de notre travail en tant que groupe de spécialistes a toujours été la participation et la collaboration avec les organismes, institutions et organisations poursuivant des objectifs qui complètent ou convergent avec les nôtres. Les partenaires mentionnés ci-dessus incluent les programmes mondiaux de l’UICN sur les espèces, les entreprises et la biodiversité, la Commission mondiale des aires protégées, la Commission baleinière internationale, la Convention sur les espèces migratrices, la Commission des mammifères marins des États-Unis, l’Aquarium de Nouvelle-Angleterre et le Centre des mammifères marins (Californie).

Pour en savoir plus sur ces initiatives et autres activités de la GSC et sur les questions de conservation des cétacés, consultez notre site web à l’adresse suivante: https://iucn-csg.org/.


A propos de l'auteure

Dr Randall R. Reeves participe à des travaux sur les mammifères marins depuis plus de 40 ans, allant d’études sur le terrain dans l’Arctique, l’Atlantique Nord et les fleuves Indus et Amazone, à des recherches archivistiques sur l’histoire de la chasse à la baleine. Il est membre de longue date du Comité scientifique de la Commission baleinière internationale, et a reçu le prix Kenneth S. Norris Lifetime Achievement de la Société de mammalogie marine, en 2017.

 

Le Dr Reeves préside les groupes d’experts de l’UICN sur les baleines grises occidentales depuis 2004, et préside également le Groupe de spécialistes des cétacés de la Commission de l’UICN pour la survie des espèces depuis 1996. En outre, il a dirigé d’autres organes d’experts, y compris le Comité des conseillers scientifiques de la Commission des mammifères marins des États-Unis, et diverses équipes interdisciplinaires ad hoc pour aborder, par exemple, la conservation des dauphins du Mékong, au Cambodge, et la conservation des dauphins à bosse, à Hong Kong.

 

En sa qualité de président du Groupe de spécialistes des cétacés, il a été chargé de préparer et d’analyser des évaluations de la Liste rouge de l’UICN, de rédiger des plans d’action pour des espèces et populations menacées, et de conseiller des organismes gouvernementaux et intergouvernementaux et des organisations non gouvernementales.

Hôtes