011 - Prévenir les conflits d'intérêts relatifs aux produits chimiques et phytosanitaires

011 - Prévenir les conflits d'intérêts relatifs aux produits chimiques et phytosanitaires

Dernière version dans cette langue: Version pour vote électronique | Publiée le : 03 Oct 2021

DÉSIREUX de préserver la confiance de l’opinion publique dans les instances formulant des avis ou aidant aux décisions sur la production, la mise sur le marché et la diffusion de produits chimiques ou phytosanitaires susceptibles de nuire à la santé publique ou aux animaux, et à l’environnement, en particulier aux sols, à l’eau, la flore, la faune, aux insectes pollinisateurs et autres organismes vivants ;

CONSTATANT que ces instances ne disposent pas toujours des ressources ou des données scientifiques indépendantes ou en raison de liens d’intérêts entre experts et firmes ou secteurs fabriquant, commercialisant ou utilisant ces produits ;

OBSERVANT que les politiques de financement privilégient la recherche appliquée au détriment de la recherche fondamentale, accroissant ainsi les risques de conflits d’intérêts au sein de la communauté scientifique sollicitée pour donner des expertises ;

CONSTATANT que de nombreux traités, notamment la Convention sur les polluants organiques persistants, la Convention sur la diversité biologique, la Convention-cadre sur les changements climatiques, comportent des dispositions sur la prévention et la gestion des conflits d’intérêts et ont conduit à fixer des règles et des procédures en la matière ;

CONSTATANT toutefois que les dispositifs ayant cet objet en droit national et international manquent de cohérence et ne comportent pas toujours des règles suffisantes à la prévention et la gestion des conflits d’intérêts ;

CONVAINCU de la nécessité de généraliser et renforcer les dispositifs juridiques visant à prévenir et gérer les conflits d’intérêts susceptibles d’affecter l’indépendance des experts dans le domaine de la protection de l’environnement et de la santé ; et

S’INSCRIVANT dans l’esprit qui a conduit la Commission mondiale du droit de l’environnement (CMDE) de l’UICN à soutenir l’établissement d’un Pacte mondial pour l’environnement visant à donner une valeur juridique contraignante aux principes du droit international de l’environnement ;

Le Congrès mondial de la nature de l’UICN, lors de sa session à Marseille, France :

1. APPELLE les Membres à veiller à ce que le droit national et les conventions régionales et internationales contiennent des mesures de prévention et de gestion des conflits d’intérêts concernant les avis d'experts donnés sur les décisions relatives à la fabrication, la mise sur le marché et la diffusion de produits chimiques ou phytosanitaires susceptibles de nuire à l’environnement et à la santé.

2. PRIE la CMDE de fournir des avis techniques aux Membres sur cette question.

Selon le principe 18 de la déclaration de Stockholm sur l'environnement de 1972: "Il convient de recourir à la science et à la technique, dans le cadre de leur contribution au développement économique et social, pour déceler, éviter ou limiter les dangers qui menacent l'environnement et résoudre les problèmes qu'il pause, et d'une manière générale pour le bien de l'humanité". C'est pourquoi, le recours à l'expertise scientifique est indispensable en matière d'environnement. Cependant l'opinion publique et les ONG spécialisées en matière d'environnement manifestent de plus en plus leur méfiance vis-à-vis des expertises scientifiques tant publiques que privées.
Les controverse nombreuses relatives à l'indépendance de l'expertise scientifique concernant l'utilisation du glyphosate en agriculture montre l'urgence de règles claires et universelles concernant l'indépendance des expertises.
L'indépendance des expertise est particulièrement mis en cause dans le domaine de la protection des sols, de la flore, de la faune et des insectes pollinisateurs.
Aussi, afin de préserver la confiance de l'opinion publique et des ONG dans les instances formulant des avis ou aidant aux décisions sur la production et la mise sur le marché des produits chimiques ou phytosanitaires utilisés en agriculture, il convient de garantir juridiquement l'indépendance des experts au moyen de déclarations relatives aux éventuels conflits d'intérêts. A ce propos, il n'existe à l'heure actuelle que quelques règles dans un petit nombre d’États et quelques conventions internationales sur l'environnement comportant des dispositions sur la prévention et la gestion des conflits d'intérêts.
C'est la raison pour laquelle la présente motion est proposée afin d'imposer de tels garanties d'indépendance d'expertise au plan international.

Publications :
- Lanfranchi, "La participation de l'expert à l'élaboration des normes environnementales internationales", dans Démocratie et diplomatie environnementale, Pedone 2015.
- Procedures and practices relating to conflict of interest in bodies consttitued under other multilateral environmental agreements and other relevant United Nations bodies (2010). Accessble: https://unfccc/files/kyoto_protocol/compliance/plenary/application/pdf/cc-8-2010-3_coi_in_mea_and_relevant_un_bodies.pdf
  • Centre international de droit comparé de l`environnement [France]
  • Centre of Live and Learn for Environment and Community [Viet Nam]
  • Fundación Ambiente y Recursos Naturales [Argentina]
  • International Council of Environmental Law [Spain]
  • Sociedad Peruana de Derecho Ambiental [Peru]
  • Société Française pour le Droit de l'Environnement [France]

Hôtes